Mon fils en rose
- EAN 9782376650089
L’ouvrage Camilla a 46 ans et vit avec ses trois enfants. Elle a une famille
“normale” si ce n’ est le fait que Federico, son deuxième enfant, tout en étant
biologiquement un garçon, manifeste depuis l’ âge d’ un et demi l’ exigence et
le désir d’ être (aussi) une fille. Il veut s’ habiller en rose, mettre des
jupes, préfère la compagnie des petites filles à celles des garçons, dans les
jeux s’ identifie aux petites fées plutôt qu’ à Spider-Man. Camilla choisit de
ne pas l’ en empêcher et d’ être à l’ écoute. Elle se documente, lit, trouve sur
internet des histoires similaires à la sienne. Elle découvre l’ existence de la
dysphorie de genre, des enfants gender fluid, transgender, non-binaires et
d’ autres encore. Elle découvre en somme les multiples développements atypiques
de l’ identité de genre. Avec détermination, délicatesse et ironie, Camilla
Vivian raconte l’ histoire de Federico, un petit garçon serein et conscient de
sa diversité, avec ses cheveux longs et son vernis à ongle rose. Elle raconte le
quotidien de sa famille, à l’ école et à la piscine, pendant les courses et les
fêtes d’ anniversaire, la pression sociale et familiale. Elle explique aussi ses
propres doutes, ses peurs, ses questionnements et sa volonté de comprendre. Tout
cela est assez compliqué, mais elle est sûre d’ une chose : ce n’ est pas la
personne non-conforme qui doit s’ adapter, ce sont les autres, à commencer par
la famille, qui doivent apprendre à connaître, comprendre et accueillir ces
différences. Transsexualité chez les enfants: état des lieux La transsexualité
chez les enfants, thème central de Mon fils en rose, demeure un sujet
profondément méconnu et très peu, voire pas du tout traité, aussi bien dans la
production éditoriale que dans les politiques publiques. Pourtant, en 2014, un
rapport destiné au Conseil de l’ Europe estimait à 1 sur 500 la proportion
d’ enfants concernés, soit, en France, environ 132 000 jeunes gens. L’ auteur du
rapport, Erik Schneider, psychiatre et psychothérapeute, expliquait également
que certains enfants ont une « identité fluide », c’ est-à-dire qu’ ils « ne
sont pas fixés dans un sexe mais qu’ ils se sentent appartenir alternativement à
l’ un, à l’ autre ou aux deux » - ce qui est le cas de Federico, protagoniste
de l’ ouvrage. Dans ce rapport, Schneider soulignait aussi les difficultés
rencontrées par ces « enfants invisibles » : pressions sociales, harcèlements,
violences, les discriminations subies par les jeunes qui se disent transgenres
ou « nés dans le mauvais corps » sont bien réelles. En 2018, l’ association LCD
(Lutte Contre les Discriminations) a publié les résultats d’ une enquête sur les
LGBTI et la santé globale, notamment en milieu scolaire. Le constat est sans
appel : près de 86% des personnes trans et intersexes interrogées se sont
senties mal au cours de leur scolarité, et 75% mal à l’ aise dans leur parcours
de soin face à un·e médecin du fait de leur identité de genre. Pourtant, déjà en
2009, la Haute Autorité de santé (HAS) avait pointé dans un rapport les
« perspectives d’ évolution de la prise en charge médicale du transsexualisme en
France », et, en 2012, le terme « identité sexuelle » a fait son entrée dans la
liste des discriminations punies par le code pénal. Aux Pays-Bas (pionniers en
la matière), mais aussi au Canada et aux États-Unis, on suit des enfants
transgenres depuis une vingtaine d’années. En France, il a fallu attendre 2013
pour que les premières équipes médicales se constituent, notamment à Paris, à la
Pitié-Salpêtrière. Le livre de Camilla Vivian s’ inscrit donc dans un contexte
où la prise de conscience et la visibilité du sujet s’ avèrent indispensables
pour alimenter un véritable débat dans la société. En relatant son expérience de
mère d’ un enfant « gender fluid », son livre dépasse le simple témoignage
individuel : par le recul dont l’ auteure fait preuve vis-à-vis de son propre
vécu, les analyses proposées, les recherches partagées, il contribue à changer
les regards et fournit des éléments qui facilitent une compréhension laïque du
sujet.
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